• La guerre de 1939/1945 à Fillé

    ci-dessous : soldats du 97° régiment d'Artillerie Divisionnaire cantonné à Fillé en 1939/40 photographiés sous le pont du canal.

     

     

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    Les vingt années entre 1919 et 1939 furent une désespérante illusion et en Septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologue ce qui déclencha la deuxième guerre mondiale. Un an auparavant, après de nombreux ballets diplomatiques, Chamberlain et Daladier avaient signé les accords de Munich en présence d'Hitler et de Mussolini ce qui mettait fin à la crise des Sudètes et indirectement scellait la mort de la Tchécoslovaquie comme état indépendant. Cet honteux compromis fit dire par Winston Churchill : "Ils ont accepté le déshonneur pour avoir la paix, non seulement ils auront le déshonneur mais ils auront aussi la guerre". Ce qu'il prédit arriva : le 3 Septembre 1939, Londres et Paris déclarèrent la guerre à l'Allemagne suite à l'invasion de la Pologne, le 1er Septembre, par les troupes allemandes.

    Aux Français de l'arrière, les autorités leur donnent pour consigne d'être résolus et disciplinés et surtout d'accepter aussi la discipline du silence en proclamant : "il en va du salut de notre pays, il en va de la victoire de nos armées, il en va du triomphe de notre juste cause..."Des affiches sont même placardées du genre : "Taisez-vous, des oreilles ennemies vous écoutent". Le mythe de la "cinquième colonne" étant déjà bien répandu suite à l'afflux de réfugiés allemands sur notre sol fuyant l'Allemagne nazie, il s'instaure alors, dès la déclaration de guerre, un climat "d'espionnite aigüe" et, chacun est invité à être vigilant et à fuir "les conversations de café"....

    Déjà, pour se prémunir d'un conflit, par la loi du 11 Juillet 1938, ont été créés les services de la Défense Passive rattachés aux services de la Préfecture lesquels autorisaient, par exemple, les particuliers à creuser un abri dans leur jardin en cas de bombardement.

     

     

     

    la guerre de 1939/45

     Source : Gazette-web - Généanet

     

    En Sarthe, le quotidien OUEST-ECLAIR, annonce en page 4 de son édition du 4 Septembre 1939, que les manifestations agricoles seront supprimées tel que le concours départemental qui devait avoir lieu aux 4 JOURS DU MANS et qu'il en sera de même pour le comice agricole de la Suze prévu le 10 Septembre.

    Pendant ce temps, un crime ignoble commis à Guécelard, dans une ferme, cause un vif émoi dans toute la contrée. Un inconnu rôdant autour des lieux, au prétexte de faire une réquisition de chevaux, est immédiatement soupçonné.

    D'autre part, dans ses colonnes, le même quotidien publie également un article des Tramways de la Sarthe affichant  les horaires des trains journaliers du service spécial de mobilisation lesquels sont pour les départs du Mans, 7 h et 16 h 20 et pour les arrivées : 9 h 05 et 18 h 15 concernant notre ligne de LE MANS, GUECELARD, CERANS-FOULLETOURTE.

    Ainsi, la jeune France est partie, sac au dos, l'espérance au cœur... une impression de "déjà vu".

    Par ailleurs, un comité de la CROIX ROUGE se constitue à SABLÉ mais, dénué de toutes ressources, celui-ci précise qu'il espère rencontrer partout un bienveillant accueil auprès de la population au cas où l'appel à la générosité des habitants de la région de Sablé serait lancé.

     

     

    la guerre de 1939/45

     

    Après une "drôle de guerre" de huit mois, l'Allemagne déclenche son offensive sur les pays de l'Europe du Nord puis ensuite sur la Belgique et la France. Hélas, on assiste alors à l'effondrement total de la ligne de défense française et la défaite est inévitable : le front étant totalement disloqué, les allemands envahissent la Belgique et le Nord en quelques jours. Le gouvernement français lance un appel désespéré aux Britanniques pour avoir un appui aérien et une escadrille anglaise est enfin transférée au Mans dans la journée du 8 Juin.

    Succombant à un "sauve qui peut" collectif, beaucoup d'habitants du Nord, de l'Est de la France ainsi que de la Belgique se jetèrent sur les routes de l'exode par une peur incontrôlable et se heurtèrent, pour la plupart, au franchissement des ponts sur la Loire ajoutant leur panique à celle de la débâcle de nombreux soldats français. Ils avaient été poussés comme du bétail par la peur et les rumeurs. Bien évidemment, ces millions de réfugiés avec leurs maigres bagages provoquèrent une énorme "pagaille" et ne facilitèrent pas le mouvement des troupes sur les routes mais, pouvait-on leur en vouloir ?

    Je me souviens de récits que m'avait contés ma mère qui avait été témoin de scènes très pénibles alors qu'elle était serveuse au restaurant "Le Pigeon d'Or" aux Ponts-de-Cé, au moment de l'exode, ville hautement stratégique avec ses 4 ponts. De nombreux réfugiés avaient envahi l'établissement et les personnes qui y étaient employées n'arrivaient plus à faire face devant ce flot humain dont certains venus d'Hollande, de Belgique et du Nord de la France, qui ne réclamaient souvent qu'un verre d'eau mais, tellement désemparés, étaient devenus agressifs devant le danger, la peur et la souffrance. Au milieu d'un chaos général et, sans nouvelles de leurs proches, ces jours de juin 40 où trop souvent, l'affolement, la détresse se disputaient à la lâcheté, resteront à jamais gravés dans la mémoire collective.

     

     

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    Exode juin 1940 - Dessin de Christiane Choisnet

     

     

    Départ dans la précipitation, exode pour des millions de gens.... vers où ??

    C'est ainsi que le 14 Juin, les troupes allemandes entrèrent dans un Paris, désert, déclaré "ville ouverte" et le peu de parisiens qui restaient assistèrent à des "images choc" : voir le défilé des troupes allemandes sur les Champs Elysées, le drapeau à la croix gammée flottant sous l'arc de triomphe.

    Le gouvernement de Pétain est prêt à capituler et après l'armistice signé le 22 Juin, la plupart des malheureux évacués rejoignirent leur domicile mais, néanmoins, cent mille d'entre-eux avaient péri sous le mitraillage des routes.

    Le Maréchal Pétain - le vainqueur de Verdun - proclamé chef de l'Etat Français, collabore avec l'occupant. Il met en œuvre une politique de révolution nationale proche du fascisme. Les emblèmes de la République "Liberté, Egalité, Fraternité" sont peu à peu remplacés par la nouvelle devise du régime : "Travail, Famille, Patrie".

     

     

    Copie d'un document privé

    Il décerne des médailles de"La Famille Française" aux mères de famille nombreuse.

    Il apparaissait, au hasard de récits recueillis çà et là auprès d'anciens de la commune de Fillé (qui n'avaient à vrai dire, au début du conflit, que peu de contacts auprès des occupants), que ceux-ci se comportaient d'une façon à "ne pas rugir comme de féroces soldats ni d'égorger nos fils et nos compagnes".   Ils ignoraient, que derrière le visage souriant des soldats de la Wehrmacht de 1940, se cachait le régime de terreur des nazis et qu'à la fin de la guerre, les Filléens allaient découvrir leur vrai visage (voir rubrique : la Libération et l'incendie de l'église) : les services administratifs de la Lutwaffe vont en effet se replier de Saint-Brieuc sur Fillé et s'installer dans le village après le débarquement du 6 Juin 1944. A partir de là, les habitants auront à subir, outre le couvre-feu, les perquisitions policières et les requisitions.


    Monsieur BEUNARDEAU eut la lourde charge de gérer la commune pendant la guerre (réélu en 1941).
    Il faut dire que commençait une bien mauvaise période (pour tout le monde) mais aussi pour les Maires. Ils ont eût à satisfaire aux exigences de réquisitions pour fournir ce qui était demandé par les troupes allemandes : chevaux, vaches, vélos... ce qui n'était pas sans soulever une émotion parmi la population qui elle devait se soumettre aux ordres des envahisseurs.

    Le cheval, en 1940, c'était le compagnon docile et l'outil de travail indispensable à tous les hommes de la terre.

     
     
     

    Comme si les évènements ne suffisaient pas, les conditions de l'hiver 1939/40 furent très rudes : le mois de janvier 1940 fut glacial et les livreurs de charbon ne chômèrent pas. Pendant la "drôle de guerre", les soldats français patrouillèrent dans la neige ! 

     

    Ci-dessous : Avant l'offensive, des soldats stationnés à FILLÉ : le 97° RÉGIMENT D'ARTILLERIE DIVISIONNAIRE avait été formé à la SUZE SUR SARTHE le 31 Mars 1940 avec deux groupes dont l'un était dispersé sur FILLÉ.



    Soldats du 97° RAD le long du canal près de l'actuelle salle des fêtes

     

     

     

     



    En mars 1940, l'un de ces soldats écrivait à sa mère : "Espérons que la guerre sera bientôt finie et que nous n'en reparlerons plus. Ici, les alertes ne sont pas trop nombreuses, c'est un secteur calme mais vois-tu la vie est bien bizarre parfois et cette fois-ci, je ne suis pas encore en veine puisque l'on repart ou ? mystère..."

                                                                  (extrait d'une correspondance privée sur carte postale de mars 1940)
                                                                                             (collection personnelle de cartes postales anciennes).

     


    Lors de la soirée du 8 Mars 1991 à la MTL, nous avons pû entendre le reportage enregistré et présenté par René GAIGNON avec l'Abbé Baron qui fut curé de Fillé après-guerre, reportage retranscrit sur "LA ROUE TOURNE", le bulletin communal d'Octobre 1991. A notre grande surprise, nous avons appris que l'abbé BARON faisait partie des soldats du 97° Régiment d'Artillerie Divisionnaire dispersé à Fillé. Mais voici, un extrait de cet interview du 12 Février 1990 présenté en 1991 :

    - R.G. : "Nous recevons M. l'Abbé BARON qui va évoquer ses souvenirs de FILLE SUR SARTHE"

    - Abbé Baron : "Celui qui vous parle en ce 12 Février 1990 chez Monsieur GAIGNON  aux Gesleries de FILLE est un aumônier retraité du Centre Hospitalier du Mans. Il fut le curé de la paroisse du 17 Septembre 1950 au 6 Juin 1958 et chargé, par Monseigneur GRENTE, son évèque, de la restauration de l'église incendiée malencontreusement, lors de la Libération par les troupes américaines du Général Patton, le mardi 8 Août 1944.

    C'est tout une histoire, une histoire passionnante..."

    - R.G. "Comment avez-vous connu FILLÉ ?"

    - Abbé Baron : "FILLÉ, j'en avais entendu parler quand j'étais jeune car ce petit pays avait la réputation d'être un lieu de villégiature, de promenade et surtout de pêche. Les amateurs de pêche, en effet, aimaient partir du MANS, par le "petit tacot", le tramway départemental, à FILLÉ. C'est tout ce que j'en savais, si ce n'est qu'une fois pour y être passé, enfant, en promenade, par ce même tacot avec le patronage du Tertre Saint-Laurent. Mais le souvenir en restait vague et peu précis..

    Par contre, un évènement y aura marqué ma vie. Il y aura de cela cinquante ans le premier Mars prochain, un régiment d'artillerie hippomobile était rassemblé à LA SUZE pour se disperser dans des communes voisines. Ce Régiment était le 97ème Régiment d'Artillerie Divisionnaire (97° R.A.D.). Le même jour, s'installaient à FILLÉ, au château du Gros Chesnay, l'Etat Major,  puis au bourg, la Batterie Hors Rang (B.H.R.), enfin, au-delà du canal, la 9ème Batterie.
    C'est ainsi que séminariste-soldat, j'allais loger le soir même, dans la maison natale de Monseigneur Julien GOUET, à la "Pelouse" inoccupée à ce moment-là.

    J'y restais une dizaine de jours avant de trouver gîte, avec mes camarades, dans d'autres maisons des "Iles" où étaient installé le Poste de Commandement (P.C.) du Capitaine qui était alors le lieutenant André Boulle. Cela dura jusqu'au 25 Mai 1940.

    Il n'est pas banal que, dix ans plus tard, ce séminariste-soldat devenu prêtre en 1944, trois jours avant le débarquement des alliés en Normandie, soit désigné comme curé de la paroisse. Mais cela s'explique assez bien : ses liens avec FILLÉ n'avaient pas cessé. En effet, le dimanche, pendant la "drôle de guerre", donnait l'occasion aux militaires de rencontrer le curé d'alors, l'abbé COURONNE, et, pour plusieurs séminaristes-soldats, de venir le saluer après la messe, d'être reçus par lui et de bien le connaître. D'autant plus qu'au retour de la guerre, après l'armistice, lors de l'Occupation, le séminariste-soldat libéré des obligations militaires est venu, à plusieurs reprises, à vélo du Grand Séminaire du Mans au presbytère de Fillé. Grâce à Monseigneur Julien GOUET, un ravitaillement bien précieux pour des jeunes démunis de nourriture à l'époque était préparé soigneusement et déposé par le boucher, Monsieur TRIBOTTE et le boulanger, Monsieur LELASSEUX...".  

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    image empruntée à page perso-orange.fr

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    René Gaignon interrompt un temps l'abbé Coulon et lui dit "en vous écoutant cela me rappelle des souvenirs précis car j'ai très bien connu l'abbé Couronne ainsi que Mademoiselle Tisserand sa gouvernante. Des souvenirs de l'abbé Couronne, il m'en reste un qui est un souvenir de loisirs. Il était amateur de billard : un joueur exceptionnel et c'est dommage de ne pas avoir retenu ses leçons !".

    "L'abbé Couronne reprend l'abbé Baron, c'est le prêtre accueillant, souriant, plein de bonté lors de ces messes du dimanche au temps de la présence de notre régiment d'Artillerie. Les soldats y venaient nombreux se joindre aux gens du pays. L'église était comble. Nous étions cinq séminaristes-soldats qui l'assistions et l'aidions pour les services liturgiques. A la sortie de la messe, l'abbé Couronne nous recevait au presbytère pour déjeuner. Le bon curé à qui son âge ne permettait pas de retenir nos noms nous appelait par le nom de notre Evêché. Ces repas étaient pour nous l'occasion d'échanges et de liens très forts d'amitié. Aussi le souvenir de l'abbé Couronne est-il resté toujours profond. Mademoiselle Tisserand nous faisait la cuisine. Il faut dire que c'était le temps de la "drôle de guerre". On ne manquait de rien. Elle mettait les petits plats dans les grands et cela nous évitait d'aller à nos roulantes pour le repas du Dimanche".

    Et l'Abbé Baron continue ses souvenirs de 1940 :

    "En feuilletant les petits dossiers des archives, j'ai la surprise d'y voir, glissée parmi les photos, la reproduction de la caricature de l'officier qui nous commandait en 1940 : le Lieutenant Boulle. C'était un chef exceptionnel que nous aimions beaucoup. Le vétérinaire du 3ème groupe du 97ème RAD, excellent dessinateur, croquait volontiers ses collègues. Notre officier est représenté en moine devant une cabine téléphonique car il téléphonait souvent à son père, contrôleur général des Armées à Paris.

    A cause de cela, nous fûmes, sans doute, les premiers renseignés de la situation quand le 10 Mai 1940, au matin alors que nous étions, comme presque chaque jour en manœuvre d'artillerie, aux Iles près du château de la Beunêche. Le lieutenant nous fit mettre au garde à vous et nous dit d'un ton bref qu'à cinq heures du matin, les Allemands avaient passé la frontière. A ce moment-là, tous consternés nous nous demandions bien ce qui allait se passer. Ce n'était plus la Drôle de guerre, c'était la guerre tout court."

    Et l'abbé Baron reprend son récit sur l'attitude de son lieutenant à Fillé :

    "Grâce au téléphone, le lieutenant Boulle apprenait l'avance des Allemands en France avec leurs chars d'assaut. Aussi, pour lui, officier d'Artillerie, il était urgent d'apprendre à ses hommes à se servir du canon de 75 contre ces engins de combat. Pour cela, il nous faisait installer nos canons sur le bord de la route. Deux hommes désignés parmi nous partaient à l'extrémité de la prairie avec deux grandes perches auxquelles nous attachions deux chiffons blancs et avancions le long de la haie, comme jadis enfants nous jouions au petit train. A ce moment-là, les pointeurs des pièces de 75 suivaient le char et, fictivement bien sûr, au signal, les tirailleurs faisaient feu."

    - "Cela se passait à la Beunêche ?" interroge René Gaignon.

    "Cela se passait près de la Beunêche, répond l'abbé Baron, sur le chemin entre le vieux château et le canal...".

     et il termine en disant "fermons la parenthèse de ce souvenir persistant".

     extrait des paragraphes consacrés à l'interview du 12 février 1990 et du 21 novembre entre René Gaignon et l'abbé Baron.

     

    la guerre de 1939/45

     

     

    En1936, le temps des loisirs chèrement acquis avait commencé : après des années de grèves et d'agitation sociale, les travailleurs français atteignirent leur but : 40 heures de travail par semaine et deux semaines de congés payés pour chacun. Cependant, le train était cher et l'automobile restait du domaine du "rêve".

    Des dizaines de milliers d'entre-eux choisirent la bicyclette et une vague turbulente déferla sur le cyclotourisme qui devint très populaire. Ainsi, commença l'âge d'or des bicyclettes artisanales.

    Mais, hélas, l'invasion allemande en 1940 devait bouleverser la vie quotidienne des français. En dépit de la rigueur du temps, la production continua à une moindre échelle et la bicyclette devint plus un moyen de locomotion qu'un équipement sportif. Beaucoup de cyclotouristes en profitèrent pour battre la campagne à la recherche de produits fermiers pour se nourrir. Certains manceaux se procurèrent des victuailles chez nos paysans de FILLÉ.

    Et la demande de bicyclettes devenait supérieure à la production. Il fut institué un formulaire destiné à la Préfecture pour ceux dont la bicyclette était un moyen de transport pour se rendre au travail.

     

     


    Formulaire à remplir pour effectuer une demande de bicyclette auprès de la Préfecture : Copie archive Mairie de Fillé

     

     

    LA CROIX ROUGE FRANÇAISE ET LE SECOURS NATIONAL

     

    La Croix Rouge Française a subi de plein fouet le choc de la deuxième guerre mondiale et a dû faire face à des problèmes liés à l'occupation de notre territoire. Le conflit armé avait bien cessé en juin 1940 et les activités de guerre ont laissé place à des actions d'aide aux populations civiles souffrant de problèmes d'approvisionnement dus à la présence d'une armée d'occupation mais toujours en guerre et donc, ayant besoin d'énormes ressources pour soutenir leur effort de guerre. La CRF s'engagea aussi auprès des enfants nécessiteux et des civils dans les camps jusqu'en 1942 où elle fut supplantée par la volonté exprimée par VICHY de la marginaliser au profit de structures plus facilement instrumentalisables comme le Secours National. Le Secours National a été créé en 1914 pour venir en aide aux soldats et principalement épauler les organismes sociaux. Il a été recréé en 1940 dans cet esprit mais aussi pour accroître l'aide aux femmes de prisonniers. C'était surtout un bon instrument de propagande du Maréchal Pétain.

     

    document personnel  prêté lors de l'expo "FILLÉ D'HIER et d'AUJOURD'HUI" organisée à FILLÉ par le comité d'animation en Janvier 1987 (cette expo qui regroupait beaucoup de documents d'époque fut très intéressante à tous points de vue et dépassait largement toutes les expos qui ont pu être faites sur le même sujet depuis car les anciens disparaissent  et malheureusement les témoignages aussi).

     

    Brochure éditée en 1941 par le Secours National principalement à l'attention des femmes de prisonniers de guerre pour les conseiller dans la fabrication de conserves et leur donner des recettes de confitures sans emploi de sucre ordinaire puisqu'il manquait. Il faut bien sûr savoir conserver les aliments pour l'hiver car le réfrigérateur et le congélateur n'existaient pas encore.


     

    Document privé

     

    Madame Gervaise DUBOURG m'a transmis un mail en date du 13 février 2021 dans lequel elle relate différentes anecdotes transmises par sa maman dont les parents ont tenu le café en face le Mairie jusqu'en 1960. Sa maman était intarissable sur ses souvenirs d'enfance de Fillé me dit-elle. Je vous invite à en prendre connaissance ci-après et je remercie Madame Gervaise DUBOURG de me les avoir transmis. 

     

    "La Guerre a également été synonyme de pénurie, et si les problèmes de ravitaillement étaient moins aigus à la campagne qu’en ville, ils restaient un sujet majeur. Ma mère me racontait qu’elle était allée, avec une voisine, jusqu’à VIRE-EN-CHAMPAGNE, aux confins de la Mayenne, en pleine nuit, en vélo, afin de rapporter 25 kg de beurre."

     

     

    "Juste avant la guerre, Madame LEROUX, institutrice, allait tous les jours à Guécélard pour faire la classe, en vélo. Un petit matin brumeux, elle s’est .../

     

    .../ trouvée nez à nez, en tournant au coin du cimetière, avec un groupe de soldats anglais qui faisaient l’exercice avec un masque à gaz sur le visage.

    De saisissement, elle est allée tomber dans le fossé après quelques zig-zag ! (sans dommage, heureusement, mais à la grande joie des militaires)".

     

    "Madame LEROUX était l’institutrice de l’école laïque des filles entre les deux guerres. Son dévouement pour ses élèves était total, et elle n’hésitait pas à prendre sur son temps libre pour préparer ses élèves au « certif ». Elle organisait également des fêtes pour la remise des prix, à la fin de l’année, avec des saynètes jouées par les élèves. Le succès était très grand et tout le monde attendait avec impatience la fête de la distribution des prix".

     

    la guerre de 1939/45

     
    Les épreuves de juin 40 passées, la vie quotidienne des filléens comme d'ailleurs celle de tous les français consiste à se nourrir et à se vêtir mais les restrictions alimentaires commencent très tôt.

    En ce qui concerne les denrées de première nécessité (sucre, pâtes alimentaires, riz, pain), après trois mois de guerre et voyant les hostilités se prolonger, l'Etat français s'est vu dans l'obligation d'apporter des mesures de restriction à la consommation.

    En effet, les ressources ne pouvant être aussi abondantes qu'en temps de paix, il était évident que, dans ces conditions, il n'était plus possible de laisser chacun agir à sa guise sans risque de provoquer au bout de quelques mois une période de véritable disette préjudiciable à une majorité de français. Certains consommateurs n'écoutant que leurs besoins pressants se seraient efforcer d'acheter à n'importe quel prix sans comprendre leur devoir ce qui aurait entrainé une augmentation des cours des marchandises dans des proportions considérables - sans doute à la grande satisfaction de l'ennemi - mais tout le fardeau en serait retombé sur ceux qui ne pouvaient les acquérir qu'au jour le jour.  

    Les ressources ne pouvaient être aussi importantes qu'en temps de paix, bien sûr, le ministre de l'Agriculture P. CAZIOT en impute la responsabilité aux difficultés de ramassage, à la perte importante du cheptel, au blocus anglais, etc..mais surtout en passant bien sous silence les exigences de l'armée allemande, il commente les mesures de rigueur en ces termes :

    "Les conséquences de la guerre et de la défaite apparaissent maintenant dans leur tragique réalité. Le gouvernement s'efforce par tous les moyens d'en adoucir la rigueur mais il ne peut le faire que dans la limite des approvisionnements..."

    Pour familiariser le public avec ses nouvelles obligations, il a été décidé de donner dans un premier temps la même ration journalière de 300 gr de pain à chaque individu mais il était évident qu'il fallait compter avec les différences entre les situations, les besoins (un enfant en bas âge ne peut être traité de la même façon qu'un conducteur de locomotive).

    Il convenait donc au Service de répartition de tenir compte de ces différences et pour cela, connaître l'individualité de chaque consommateur, son sexe, son âge, etc... d'oû l'institution des cartes individuelles d'alimentation qui ont perdurées bien après la guerre jusqu'à la fin des années 40 (voir CHAPITRE concernant l'APRES-GUERRE et LA RECONSTRUCTION DE L'EGLISE).

     

    ci-dessous carte individuelle d'alimentation

    (archives MAIRIE DE FILLE)

    Prenons l'exemple de la ménagère de Fillé qui doit se munir de tickets pour sa ration mensuelle de pain. Elle se rend (aux dates indiquées) à la Mairie de Fillé et, cette ration de pain étant fixée à 300 gr par jour, elle reçoit donc sur présentation du carnet correspondant, pour chaque personne de sa famille, trois feuilles comportant autant de tickets de 100 gr qu'il y a de jours dans le mois. Les tickets sont datés et il n'en peut être fait usage qu'aux dates indiquées afin d'éviter aux imprévoyants d'épuiser leurs feuilles de tickets avant la fin du mois.

    Les portefeuilles ne débordaient pas de billets de banque mais de cartes de ravitaillement qui classaient les individus en catégories.

     

     

    tickets d'alimentation : de pain, de sucre, carte de lait entier et de vin suppléments alimentaires
    archives de la Mairie de FILLE

    La vie quotidienne des français se caractérise donc par la pénurie. Entre 1940 et 1941, la liste des denrées rationnées s'est allongée. Après le pain, c'est le sucre, puis le beurre, puis la viande, le café, la charcuterie, les œufs, l'huile, le chocolat, le poisson frais, le lait et enfin les pommes de terre.  La société de marché noir se met en place. Beaucoup de citadins se découvrent des "cousins" à la campagne : on troque de la matière grasse contre du tabac, du porc contre un blouson, un lapin contre un costume.

    Pour rajouter à la détresse : les hivers qui se succédèrent furent très rudes : janvier 1941 et Janvier 1942 furent froids et neigeux. Une dame de FILLÉ m'a confié qu'un jour (à cette époque, elle était jeune mariée), elle était allée assez loin, à bicyclette, pour chercher du bois qu'elle avait enfin trouvé sous forme de planches qu'elle avait placées sur le porte-bagages arrière et qui, bien sûr, dépassaient largement le gabarit de son vélo à tel point qu'un homme dans un champ à la Croix-Georgette s'était exclamé : "Mais ce n'est pas un vélo, çà ! c'est un avion !".

    Restrictions, Restrictions... il n'y a pas que les denrées alimentaires qui était rationnées, il avait été établi aussi des cartes de vêtements à l'appui desquels les consommateurs pouvaient obtenir des bons auprès de la Mairie pour se procurer des chaussures, des côtes de travail, des espadrilles, des sandalettes ou des sabotines. Tout était répertorié à la Mairie de Fillé (comme cela devait l'être partout ailleurs) sur des vulgaires cahiers d'écolier, le n° d'ordre, les noms et prénoms de l'intéressé, la date du dépôt de la fiche, la date des décisions, la catégorie du bon (par exemple, pantoufles ou sandalettes ou bien même chaussures de ville), et ensuite, il y avait une colonne émargement qui comportait la signature du bénéficiaire du bon.

    Il y avait pour les consommateurs du sexe masculin âgés de plus de vingt ans  (nés avant le 1er Juillet 1922 par exemple pour l'année 42) des tickets de produits à raser.

    Bref, tout cela constituait pour le secrétaire de Mairie qui était le Directeur de l'école à l'époque une comptabilité fastidieuse. Force est de reconnaître que pour gérer tout cela, il ne fallait pas avoir le moral dans les chaussettes. 

    Les professionnels (c'est-à-dire les artisans et commerçants) pouvaient se procurer des attributions supplémentaires de savon. Tout cela était répertorié sur un autre cahier car ce savon était donc attribué au charpentier,  au maréchal-ferrant, au menuisier, au cordonnier, au maçon, au boulanger, au boucher, au meunier et à la sage-femme car dans les années quarante, tous ces corps de métier étaient encore représentés à Fillé. 

     

    Carte de vêtements et d'articles textiles (copie archives Mairie de Fillé).

    il y avait aussi des bons de savon, des tickets de produits à raser.... (documents copie archives Mairie de Fillé).

    Pendant le second hiver de guerre (1940/41), le hasard fait très mal les choses puisqu'il est également très froid. Le journal L'ECLAIR signale qu'en Sarthe, pendant la vague de froid qui s'étend du 13 décembre 1940 au 19 janvier 1941, il faut souvent casser la glace pourque les bestiaux puissent s'abreuver.

    A l'été 41, alors que l'approvisionnement devient problématique, le mauvais temps compromet les moissons en août qui est frais et humide : les récoltes sont couchées par la pluie et le vent. Du côté de Fillé, le marché noir se multiplie car les tickets d'alimentation ne couvrent pas les besoins de la population.

    Pour les femmes, surtout celles dont le mari est absent (prisonnier), c'est le temps de la "débrouille", de la récupération de vieux pneus pour ressemeler les chaussures à la confection de salade au savon sans huile. Mais il fallait surtout "tenir le coup" malgré l'angoisse, l'attente, c'est la vie des femmes de prisonniers au quotidien.

     

    lettre

     

     

     

     

     

     

    Dès leur arrivée dans le stalag (camp de prisonniers en Allemagne), le prisonnier de guerre adressait une carte-lettre  que les autorités leur remettaient afin qu'ils précisent à leur famille l'adresse du camp où il était capturé. 

    Car, en effet, à la fin de la 'drôle de guerre", beaucoup de nos soldats ont été capturés. Rien que pour notre petit village de FILLE et, sauf erreur, dix-sept filléens ont été répartis dans divers stalags et oflags en Allemagne au début de l'occupation.

    Ce furent, pour une majorité d'entre-eux, de longues années d'une dure captivité et beaucoup de souffrances. Si certains organismes renouvelaient fréquemment les démarches pour obtenir des autorités allemandes compétentes le retour des prisonniers de guerre dans leur foyer, le Comité d'Assistance aux Prisonniers en captivité s'occupait, relayé en cela par les comités locaux dans les communes, de faire parvenir aux soldats retenus en Allemagne des colis de nourriture. 

     

    Madame Gervaise Dubourg m'a transmis par mail en date du 15/11/2020, à l'appui de plusieurs photos divers "flashs et souvenirs que sa maman lui avait confiés. Gervaise n'était pas filléenne mais sa famille était originaire de la commune et sa maman "était intarissable sur sa commune d'enfance". Elle se souvient que des jeunes filles de Fillé avait créé une troupe théâtrale pendant la guerre. Elle dit également que le bénéfice de ces soirées allait aux Prisonniers de guerre mais, cependant, sans aucune certitude.


    Document archives Mairie de Fillé
    Fiche établie par le Comité Local de Fillé lors de l'expédition d'un colis pour chaque prisonnier de guerre.

     

    Ces colis étaient acheminés par la Croix Rouge et aussi grâce au gouvernement helvétique qui dès le début des hostilités est intervenu auprès des belligérants pour faire parvenir des colis postaux aux prisonniers. Ceux-ci vivaient d'espérance et ces colis leur signifiaient que dans leur village, on ne les "oubliait pas".
    Outre l'envoi de colis et le maintien des liens par messages entre les prisonniers et leur famille, la Croix Rouge avait aussi pour mission d'organiser la visite des prisonniers politiques dans les prisons, notamment pour améliorer leur sort et tenir informées leurs familles. Les infirmières enrôlées dans la Croix Rouge et donc investies de ces fonctions ont quelquefois eût la lourde tâche de transmettre aux familles la dernière lettre et les biens des fusillés.
     
     
     

        Correspondance adressée par l'Employeur d'un prisonnier de guerre en Allemagne afin d'obtenir auprès des autorités allemandes son rapatriement = démarche non aboutie. Document personnel prêté lors de l'expo "FILLE d'HIER et AUJOURD'HUI organisé à FILLE par le Comité d'Animation en Janvier 1987.      

    Je n'ai pas - personnellement - vécu cette période, étant née en 1946, mais j'étais, moi aussi, une fille de "K.G." (Kriegsgefangener - prisonnier de guerre) qui s'est évadé deux fois lors de sa captivité en Allemagne et chaque fois repris, finalement expédié dans le camp disciplinaire de RAWA-RUSKA que CHURCHILL avait appelé le "camp de la mort lente". Si la plupart des allemands dans la population manifestement n'aidait pas les prisonniers dans leur évasion - car mon père et son compagnon d'infortune ont été "cueillis" à la sortie d'un cinéma lors de la deuxième tentative -  par ailleurs, ils avaient trouvé bien en évidence, sur une poubelle, une boussole et une carte de l'Allemagne ; preuve qu'il y avait tout de même des gens en Allemagne qui avaient une certaine sympathie pour les "K.G." Mais voilà que je m'évade moi aussi, revenons donc à la période d'occupation à FILLÉ.

    En juillet 1942, Henri écrit à ses parents : "chers Parents, Plus une goutte d'encre dans mon stylo et pas une minute depuis deux jours, je suis au camp à Fillé - beau temps - ambiance sympathique..."   Un autre réfugié à FILLÉ écrit encore : "Vous remercierez T... et Madame B... pour la bonne viande qu'ils nous donnent. Je ne m'ennuie pas à FILLÉ car on y est très bien et sans restriction..."
    U
    n filléen écrit en 1941 à des parents : "nous aussi nous aimons beaucoup voyager, mais pas en ce moment car avec les difficultés sans nombre qu'on rencontre pour voyager actuellement, j'estime que c'est une véritable plaie. Aussi, tant que dureront les hostilités, nous n'entreprendrons aucun grand voyage...... "   puis constatant des changements de comportements ici ou là : "On nous a dit que cette guerre était à surprises et qu'on verra de tout... on est bien obligés de se rendre à l'évidence..."  

    - correspondances sur documents privés -

     

    Hélas, en effet, à l'instar de beaucoup d'autres communes de la France occupée, FILLÉ n'a pas échappé aux lâchetés banales de l'époque, aux ennemis invisibles : les délateurs, les dénonciateurs, enfin tous ceux qui avaient l'occasion de se venger d'un voisin, voire même d'un proche motivé par la jalousie, le mépris des autres ou tout autre raison tout aussi médiocre de dénoncer à la Gestapo.  

     

     

     

      

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    MALGRÉ LA GUERRE, LES CITADINS VIENNENT TOUJOURS EN NOMBRE ATTIRÉS  PAR LES RIVIÈRES POISSONNEUSES DE FILLÉ :

     

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    Article du 8 Juillet 1942 de Ouest-Eclair concernant un concours de pêche dans le canal.

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    L'hiver 1942/43 est le troisième hiver de guerre glacial et à Fillé comme dans tout le reste de la France, on vit toujours au rythme des tickets de rationnement. 

    Les 29 Juin et 4 Juillet 1943 : Des centaines de forteresses volantes pilonnent la région (extrait des Données chronologiques de Pierre Gouet 2005-2006).

     

     

    Pendant la guerre, à FILLÉ comme ailleurs, certains acceptèrent leur sort et se résignèrent car il y avait beaucoup plus de gens soucieux de leur sécurité et de leur garde-manger que de citoyens courageux et patriotes.

    D'autres ont relevé la tête et ont osé braver le silence et la peur. Ils ont choisi de lutter contre la barbarie nazie et par la suite, sont restés discrets sur le courage dont ils ont fait preuve. Ils resteront pour toujours cette lumière durant les années noires d’Occupation.

    Parmi ces hommes et ces femmes, des filléens, des jeunes gens pour la plupart, se sont comportés en véritables héros en s'illustrant avec courage.

    France ??? par dolbi303

    QU'HOMMAGE et RESPECT LEUR SOIENT RENDUS ICI !

    "Aussi, n'oublions pas le rôle de Madame Hélène LE BIHAN qui était mariée, mère de deux enfants et dont l'époux, Jean LE BIHAN, mécanicien, était installé en face de la Mairie. Cette jeune femme, âgée de 27 ans au moment de la Libération, a caché chez elle des résistants du maquis de la Charnie ainsi que des pilotes anglais (1) et américains (2) qu'elle a pu faire passer en zone libre".

    Extrait des "Mémoires" de René Gaignon recueillies par la presse en août 1994 lors d'une 50ème anniversaire de la Libération.
    et :

    http://www.memoresist.org (Hélène LE BIHAN figure dans la liste des résistants de la Sarthe - Site Mémoires et Espoirs de la Résistance).

    (1) et (2) notamment un pilote américain d'un B-17, abattu dans la région de Loué, le 17 Juin 1944 (arrêté également et déporté à Buchenwald où il survécut).

    "Concernant Madame Hélène LE BIHAN, j'ai découvert son nom dans les fichiers RAMP (Returned Américan Military Prisonners) dans la fiche du Lieutenant PEDERSEN qui a été hébergé chez elle un mois" mail de J.M.D.

    Arrêtée le 27 juillet 1944, elle réussira néanmoins à s'échapper. Elle avait caché chez elle, durant un mois, un pilote américain dont l'avion s'était écrasé près de Loué en juin 1944 :  Joseph W. PEDERSEN afin de l'exfiltrer.  

    Source : https://forcedlanding.pagesperso-orange.fr/pedersen.htm

     

     

    la guerre de 1939/45

     

    Avant la guerre, Jean de Maupéou est ordonné prêtre au Mans en 1933. Il est mobilisé en juin 1940 et en août, après la débâcle, il revient au Mans alors que six de ses frères sont prisonniers de guerre en Allemagne. Il est affecté au 14 de la rue du Docteur Leroy comme responsable de la Jeunesse Catholique et aumônier des scouts.

    Progressivement, l'abbé Jean de Maupéou que ses camarades surnomment affectueusement "Le Pou" devient le père spirituel de ceux qui partagent son idéal de fraternité et de générosité. En avril 1943, il bénit le mariage en l'église de la Couture de deux chefs scouts Paul Marschall* et Kathleen M. Creenshaw, née Armstrong qui refusent, eux aussi, d'abdiquer. Ensemble, ils pensent aux lendemains difficiles de ceux qui ne se résignent pas et préparent ainsi des provisions de vivres, de vêtements, des caches d'armes vers FILLÉ. Grâce au courage et au patriotisme de quelques filléens, Ils y trouvent également un refuge paisible dans les prairies du bord de Sarthe, près du manoir de la Beunêche pour des jeunes qui veulent échapper au STO.

    Jean de Maupéou ainsi que Kathleen et Paul Marchal ont été arrêtés par la Gestapo. Kathleen et Paul Marschall ont été arrêtés le 22 Avril 1944, Kathleen a été internée puis libérée le 28 Juillet 1944, Paul a été envoyé au camp de Stassfurt et il y est décédé le 24 Janvier 1945 ainsi que Jean de Maupéou. Source :

    http://www.memoresist.org (Paul et Kathleen Marschall figurent dans la liste des résistants de la Sarthe - Site Mémoires et Espoirs de la Résistance).

    et :

    Pour ces trois derniers paragraphes, les livres "100 VISAGES DE LA RESISTANCE ET DE LA DEPORTATION EN SARTHE" de Joseph Esteves ainsi que "LA VIE MANCELLE ET SARTHOISE" ont été consultés.

    *"Un certain nombre de sarthois ont payé de leur vie leur appartenance à la Résistance, arrêtés puis déportés dans des camps de concentration où ils ont succombé, victimes de mauvais traitements ou sévices. L'un d'entre-eux s'appelait Paul Marshal, professeur du Lycée de garçons du Mans, jeune marié et futur papa à qui la vie souriait : son engagement dans la Résistance l'a conduit, en neuf mois, à la mort, âgé de 31 ans, dans le sinistre camp de Stassfurt, au nord de l'Allemagne. ..."

    "Né le 22 Septembre 1913 à Nancy dans une famille bourgeoise catholique ... fait à l'âge de 14 ans une découverte qui orientera sa vie : le scoutisme, pour lequel il s'enthousiasme !... Il entreprend des études supérieures de lettres classiques à la Sorbonne et le 10 septembre 1939, la guerre déclarée, il sera embarqué à Marseille pour la Tunisie où il est affecté à l'encadrement du 12° Bataillon d'infanterie légère d'Afrique".

    "Démobilisé en 1940, revient en Métropole où en janvier 1941, il est affecté au collège de Saumur puis est reçu lors du concours de décembre. Nouvel agrégé, Paul est affecté au Lycée Montesquieu du Mans sur la chaire de la classe de première que le résistant Roger Bouvet avait dû, à la suite d'une dénonciation quitter pour le lycée Carnot"...

    "A son arrivée au Mans, Paul prend rapidement contact avec le responsable scout manceau, un jeune prêtre d'un grand dynamisme, Jean de Maupéou et Paul sympathise rapidement avec une jeune cheftaine de louveteaux de 20 ans, Kathleen Armstrong. L'abbé mariera le jeune couple le 17 Avril 1943 en l'église de la Couture"...

    "Les activités scoutes se transforment rapidement en activités résistantes !  L'abbé de Maupéou protège de jeunes réfractaires au S.T.O. et il réussit même à transmettre à Londres les plans de l'usine Renault qui fabrique du matériel pour l'ennemi !".

    "Paul et Kathleen sont arrêtés le 22 Avril 1944 par la Gestapo, transférés à la prison des Archives au Mans, puis le 29, à Fresnes. Kathleen, enceinte de six mois, est libérée le 28 Juillet, tandis que son mari est transféré au camp de Royallieu-Compiègne pour les départs en Allemagne. Déporté à Stassfurt, sa connaissance de l'allemand et son rayonnement font, au départ, désignés Paul comme chef de section. Il est même surnommé "archange du camp". Après des sévices (privation de nourriture et astreinte à des travaux surhumains) Paul décède le 17 Janvier 1945."

    "Paul Marchal a été fait, à titre posthume, par décret di 25 Mars 1957, chevalier dans l'ordre de la Légion d'Honneur et la ville du Mans par délibération du 25 avril 1960 a donné le nom de Paul Marchal à une rue située entre les rues Pierre-Belon et rue Prémartine."

    extrait de l'article de Didier Béoutis : "Paul Marchal, l'archange du camp de Stassfurt" LA VIE MANCELLE ET SARTHOISE n°430 de Septemb re 2013.

     

     

       


     



    Soldats du 97° R.A.D. à FILLÉ en 1939

     

    Maurice Baron qui était alors séminariste-soldat pendant la drôle de guerre et faisait partie d'une partie du 97° RAD cantonné à Fillé figurait-il sur cette photo ?

    Il ignorait à cette époque qu'il allait devenir le curé de notre paroisse après la guerre de septembre 1950 à juin 1958.


      

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